Les matériaux biosourcés dans la construction connaissent une forte croissance avec 130 millions de m² d'isolants utilisés entre 2016 et 2020. D'origine végétale ou animale, ils permettent de répondre aux exigences de la RE2020 tout en garantissant une construction durable et saine.

A retenir

Les matériaux biosourcés représentent 10-11% du marché de l'isolation en France, avec une progression de 87% entre 2016 et 2020.

Définition et caractéristiques des matériaux biosourcés

Les matériaux biosourcés transforment le secteur de la construction en France, avec une progression constante depuis 2016. Selon l'Association des industriels de la construction biosourcée (AICB), leur utilisation a augmenté de 87% en volume entre 2016 et 2020, pour atteindre 130 millions de mètres carrés d'isolants installés dans les bâtiments.

Définition réglementaire et cadre normatif

Le ministère de la Transition écologique définit les matériaux biosourcés comme des produits partiellement ou totalement issus de la biomasse, conformément à la norme européenne NF EN 16575. Cette biomasse peut être d'origine végétale (bois, chanvre, paille) ou animale (laine de mouton). La loi Élan de 2018 a renforcé leur statut en recommandant expressément l'utilisation de matériaux renouvelables dans la construction.

Sources et classifications

Les matériaux biosourcés proviennent de trois sources principales :

  • Culture dédiée : chanvre, lin, miscanthus
  • Coproduits agricoles : paille de céréales
  • Matériaux recyclés : ouate de cellulose issue du papier recyclé

Part de marché et évolution

Les matériaux biosourcés représentent actuellement 10-11% du marché de l'isolation en France. Cette proportion témoigne d'une transition écologique dans le secteur de la construction, motivée par la réglementation environnementale RE2020 qui valorise l'utilisation de matériaux à faible empreinte carbone.

Caractéristiques techniques

Les matériaux biosourcés présentent des propriétés physiques remarquables :

  • Déphasage thermique naturel
  • Régulation hygrométrique
  • Performances acoustiques supérieures aux isolants conventionnels
  • Absence d'émissions de composés organiques volatils

Les principaux matériaux biosourcés pour la construction

Les matériaux biosourcés pour la construction se déclinent en plusieurs familles aux propriétés techniques distinctes. Chaque matériau possède des caractéristiques thermiques et acoustiques qui déterminent ses applications dans le bâtiment.

Le bois dans la construction

Le bois certifié PEFC constitue le matériau biosourcé le plus utilisé. Sa résistance mécanique permet son usage en structure (ossature, charpente) avec une conductivité thermique de 0,12 W/m.K. Les panneaux en fibre de bois présentent un déphasage thermique de 10-12h, régulant naturellement la température intérieure. Prix moyen : 50-80€/m² posé.

La paille et le chanvre

Les bottes de paille compressée atteignent une résistance thermique R=7 m².K/W pour 35 cm d'épaisseur. Le béton de chanvre, mélange de chènevotte et de chaux, affiche une conductivité de 0,06 W/m.K. Ces matériaux permettent la perspirance des murs grâce à leur capacité hygroscopique. Coût : 30-50€/m² pour la paille, 70-90€/m² pour le chanvre.

Les isolants en fibres végétales et animales

La ouate de cellulose, issue du recyclage de papier, présente une conductivité de 0,039 W/m.K. La laine de mouton atteint 0,035 W/m.K avec une excellente régulation hygrométrique. Le liège expansé combine isolation thermique (0,04 W/m.K) et acoustique. Prix : 25-40€/m² pour la ouate, 35-55€/m² pour la laine, 50-70€/m² pour le liège.

Tableau comparatif des performances

MatériauConductivité (W/m.K)Déphasage (h)Prix/m²
Fibre de bois0,03810-1250-80€
Chanvre0,068-1070-90€
Ouate de cellulose0,0396-825-40€

Performance et certification des matériaux biosourcés

Les matériaux biosourcés doivent répondre à des exigences strictes de performance et de certification pour être utilisés dans la construction. La réglementation française encadre précisément leurs caractéristiques techniques et environnementales.

Label Bâtiment Biosourcé : trois niveaux d'exigence

Le label Bâtiment Biosourcé, créé en 2012, comprend trois niveaux selon la quantité de matière biosourcée incorporée par m² de surface plancher :

  • Niveau 1 : 42 kg/m²
  • Niveau 2 : 63 kg/m²
  • Niveau 3 : 84 kg/m²

Performances énergétiques RE2020

La RE2020 fixe des seuils de performance carbone pour les constructions neuves en France. Les matériaux biosourcés permettent d'atteindre ces objectifs grâce à leur capacité de stockage du carbone. Un logement en matériaux biosourcés émet en moyenne 40% de CO2 en moins qu'une construction traditionnelle sur l'ensemble de son cycle de vie.

Certification ACERMI et qualité de l'air

La certification ACERMI valide les performances thermiques et acoustiques des isolants biosourcés. Les tests mesurent la conductivité thermique, la résistance à la compression et la perméabilité à la vapeur d'eau. Pour la qualité de l'air intérieur, les matériaux biosourcés obtiennent généralement la classe A+ selon la norme NF EN ISO 16000.

Analyse comparative des coûts

Type d'isolantPrix moyen €/m²
Laine minérale15-25
Fibre de bois25-40
Chanvre30-45

Le surcoût initial des matériaux biosourcés est compensé par les économies d'energie réalisées et leur durabilité supérieure. Un bâtiment biosourcé assure un meilleur confort thermique et acoustique, réduisant les besoins en chauffage et climatisation.

Avantages et limites dans la construction d'une maison

La construction d'une maison biosourcée présente des caractéristiques techniques et environnementales qui méritent d'être analysées en détail. L'utilisation de matériaux naturels modifie les performances du bâti et nécessite une réflexion approfondie sur les avantages et contraintes.

Performances thermiques et environnementales

Les matériaux biosourcés permettent d'atteindre des performances thermiques remarquables. Une maison construite avec ces matériaux consomme en moyenne moins de 10 kWh/m²/an pour le chauffage. Le stockage carbone constitue un atout majeur : 1m³ de bois stocke environ 1 tonne de CO2. La régulation naturelle de l'humidité améliore la qualité de l'air intérieur, avec des taux d'humidité relative maintenus entre 40% et 60%.

Durabilité et cycle de vie

La durée de vie d'une construction biosourcée dépasse fréquemment 100 ans avec un entretien adapté. Les matériaux naturels se recyclent ou se compostent en fin de vie, générant 75% de déchets en moins qu'une construction conventionnelle. La maintenance requiert des interventions tous les 15-20 ans pour les enduits et tous les 30-40 ans pour les structures en bois.

Contraintes techniques et économiques

Le surcoût initial varie de 10% à 25% par rapport à une construction traditionnelle. La disponibilité des ressources locales conditionne fortement les choix constructifs. La formation des artisans reste insuffisante : seuls 15% des professionnels du bâtiment maîtrisent ces techniques en 2024.

Enjeux d'industrialisation

L'industrialisation des matériaux biosourcés soulève des questions sur la préservation des sols agricoles. La production de chanvre nécessite 2 hectares pour construire une maison de 100m². Les filières de production doivent se structurer tout en préservant la qualité environnementale des matériaux.

Confort et bien-être

Les mesures effectuées montrent une réduction de 40% des composés organiques volatils dans l'air intérieur. Le déphasage thermique de 10 à 12 heures assure une température stable été comme hiver. L'inertie des murs en paille ou terre-chanvre régule naturellement l'hygrométrie.

Aspects réglementaires

Les normes techniques évoluent régulièrement. Les règles professionnelles encadrent désormais la construction en paille (2012), chanvre (2017) et terre crue (2020). Les assurances demandent des certifications spécifiques pour les artisans.

Focus sur l'avenir des matériaux biosourcés dans la construction

Les matériaux biosourcés vont continuer leur progression dans le secteur de la construction. La formation des artisans et l'industrialisation des procédés permettront de réduire les coûts. La réglementation thermique RE2020 et les préoccupations environnementales favoriseront leur adoption. Le développement des filières locales renforcera leur accessibilité.